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Traversée des Calanques entre Marseille et La Ciotat - Avril 2005

 

Vendredi 15

Samedi 16

Dimanche 17

 

 

Vendredi 15

Le chemin de Callelongue

C’est en taxi que nous arrivâmes au petit port de Callelongue. Le temps était légèrement venteux, le ciel couvert laissait présager une période pluvieuse. Ce temps ne nous avait pas permis de venir de Marseille par bateau.
Des mouettes volaient en tous sens au dessus des bateaux au mouillage et au dessus des pentes rocheuses d’un blanc grisâtre, tandis que la mer effleurait la calanque. Calanque vient du mot latin calanca qui désigne une crique rocheuse à parois abruptes.

Le sentier marqué de bandes noires, rouges et blanches monte doucement. Callelongue rapetisse à vue d’œil et à l’extrémité de la crête ce n’est plus qu’une brève déchirure de la côte. Les étendues qui nous entourent sont couvertes de végétation halophile et de garrigue : une multitude de buissons verdoyants accrochés çà et là d’où émergent des fleurs malicieuses, les cistes au mauve tendre, le romarin dont la petite fleur bleue interpelle le randonneur. Vient à moi mon ami, prends moi dans tes bras, respire mon parfum ! C’est Giono au bord de la mer !
En face les îles nous saluent tout au long du chemin côtier qui redescend au ras de la Méditerranée : l’île Marie et l’île de Jarre. Le vent fouette nos visages rieurs. Puis le sentier devient un raidillon plus abrupt, même escarpé. Parfois nous passons sous des pins maritimes recourbés, formant comme des tunnels.
La pluie tombe, les capes sortent. Le sentier peut être glissant, mais la mer est loin depuis les plateaux que nous avons atteints. Les îles Calsereigne et Riou s’offrent à nous, comme des morceaux de calanque égarés par ironie.

La calanque de Sormiou est le point de passage pour la grotte Cosquer. On ne peut la visiter car elle se trouve sous la mer et on y accède par un siphon. Les calanques sont en fait de très anciennes vallées, 120 millions d’années, le niveau de la mer était alors 120 mètres plus bas. Nos ancêtres pouvaient accéder plus facilement à la grotte !
Des figuiers de barbarie bordent le chemin, qui passe devant les cabanons de Sormiou. Les figues sont presque mûres, on peut les éplucher et goûter leur fraîcheur. Mais cela c’est une lubie de votre rédacteur, qui se retrouve avec les mains rouges et les doigts agacés par de minuscules épines.
Il faut grimper un raidillon brutal, et même escalader un étroit passage vertical pour dominer la langue bleue de la calanque de Sormiou et franchir la crête. Puis les randonneurs dévalent un pierrier long et raide jusqu’au port de Morgiou. Là encore des bateaux dorment à l’abri dans la crique.

Nous rejoignîmes Cassis en taxi, par delà les crêtes de Morgiou.
Quelle est cette falaise demandais-je ?
C’est cap Canaille répondit le chauffeur du taxi.

L’hôtel le Commerce accueille les randonneurs trop heureux de s’alléger de leurs sacs !

Nous avons bien mérité l’apéro et la tapenade !

Au dîner : Soupe de poisson et sa rouille
Filet de Mérou
Fraisier

 


  
  
 
 
 
 
 
 
 
 


 

 

 

 

Samedi 16

Les îles à la dérive

Aujourd’hui c’est mistral ! Dit le patron de l’hôtel, il n’y aura pas de pluie.
Le chef a fini par trouver un bateau prêt à nous ramener à port Morgiou, là où nous étions la veille.

Une petite vedette pour nous seuls les neuf randonneurs ! La vedette tangue sur les vagues, contourne d’invisibles hauts fonds, ou bien de traîtreux remous au large des falaises calcaires qui plongent droites dans la mer. Vers le ciel s’érigent leurs aiguilles acérées. Parfois entre elles se dresse un pin solitaire, la silhouette courbée par le vent et les années de pousse hasardeuse. Le ressac fouette les parois, s’éparpille en gerbes mousseuses. La proue de la vedette monte et descend dans un crissement perçant (votre rédacteur fait ce qu’il peut hein ?). Les téméraires qui se penchent par-dessus le bastingage reçoivent de pleines volées d’embruns.
Puis vint le calme paisible, la vedette entre dans la calanque de Morgiou. Le débarquement est sportif, il faut sauter de la proue sur les rochers de la jetée que la vedette frôle précautionneusement.

Nous revoilà dans les sentiers escarpés qui serpentent entre les falaises. Les passages sont rudes, c’est presque de la varappe ! Des rochers, encore des rochers à n’en plus finir. Il suffit de prendre quelques aiguilles de romarin, de les rouler entre les paumes des mains et de respirer leur délicate senteur pour se sentir d’aplomb. Ça et là des faisceaux de branches noircies émergent des buissons verts, signe des incendies qui ont ravagé le massif depuis tant d’années. On trouve du thym, des iris sauvages. L’odeur de garrigue est très prenante. Nous descendons un couloir par une échelle de fer, le derrière en avant. Immortalisons cet instant.
Quelle galerie de fesses à photographier dit Anne-Marie d’une voix rieuse !
Nous croisons un randonneur solitaire fièrement campé avec un chapeau australien sur la tête. Echange de propos.

Sur les crêtes du Devenson, les îles Riou et Calsereigne qui ont dérivé loin derrière nous sont encore visibles. Des buissons de genévriers portent de petits fruits ronds d’un violet foncé. Depuis les crêtes de l’Oule on entr’aperçoit le cap Canaille et les prémices de Cassis. Les randonneurs atteignent le col des charbonniers et dévalent la vallée des chaudronniers, puis remontent une pente très ardue pour redescendre vers port Miou (Le Portus Melius, aimé des romains eux mêmes !).

A l’apéro Alain dit : le pastis n’a pas le même goût à Cassis qu’à Paris !
Prononcez Cassisse avec un accent chantant dit votre rédacteur, qui est enfant de Toulon par hasard.
Ce n’est pas vrai, le chauffeur de taxi d’hier a dit Cassi et il est provençal répond Nathalie d’une voix posée.

Au dîner : Moules marinière
Spaghetti Carbonara
Gâteau au pralin et au miel.

 

  
 





 
  
  
 

Dimanche 17

Dans la calanque d’En Vau

Quelle surprise ! Un soleil radieux éclate sur le port de Cassis, nous le voyons de notre hôtel. Les randonneurs empruntent le sentier côtier d’un pas alerte. C’est par le chemin de port Miou repris en sens inverse que nous allons rejoindre la calanque d’En Vau.

Cependant le mistral souffle fort. Le sentier serpente entre les pins et la garrigue. Quelques raidillons viennent agrémenter la promenade. C’est un repos après la dure journée d’hier. Par-dessus les crêtes nos îles à la dérive nous disent : Vous êtes déjà si loin ! Revenez ! Revenez ! Mais les randonneurs sont attirés par la transparence des eaux de la calanque d’En Vau. L’eau turquoise de la Méditerranée vient lécher les galets d’En Vau. Le soleil darde ses rayons. Le mistral ne peut atteindre cette crique si bien abritée. Une douce chaleur se répand sur la plage. Des varappeurs escaladent les aiguilles d’En Vau. Les plus courageux d’entre nous vont tremper les mollets dans l’eau glacée. Après le pique nique, une torpeur nous accable, c’est la sieste au soleil. La vie et rien d’autre !

La calanque est à moitié dans l’ombre lorsque nous reprenons le chemin vers le col de la Gardiole. Un endroit qui domine la baie de Cassis. Le cap Canaille aux falaises rousses se dresse majestueusement sur la mer. Certains disent que cela vient du provençal ‘Cap Naïo’, ‘La montagne qui avance sur la mer’ ! C’est tiré par les cheveux dit Jean-Claude.
Et tout à gauche des crêtes du cap, on voit la ‘couronne de Charlemagne’, une montagne qui présente la forme de la couronne des anciens rois Lombards.
Les bateaux tracent leur sillage blanc sur le bleu foncé de la baie, et quelques moutons la piquètent.
Les randonneurs gardent un œil rêveur sur cette vastitude.

Nous retournons à Cassis, encore une falaise à escalader et nous voici entrés dans la ville. On emprunte la Traverse du Soleil. En bas au travers des pins courbés le port miroite. Puis on descend la sinueuse avenue de l’Amiral Ganteaume pour arriver rue st Clair, à notre hôtel.

On prend un pastis demande le chef ? Ben c’est sacré disent quelques voix !

Au dîner : Bouillabaisse !! Non !? Si ! Génial !
Aïe aïe mes amis !

Je vous offre une surprise, dit Alain, vous avez été trop bien !
Champagne pour tout le monde ! On trinque !

La nuit venue quelques nostalgiques vont contempler la mer à l’abri du vent, derrière le phare du port, voir l’écume blanche du rivage sur les galets. A l’horizon des lumières clignotent : un autre phare au milieu de la mer ? Et des navires qui glissent imperceptiblement.

 

  





Lundi 18

A l’assaut du cap Canaille

Au revoir les Cassidaines et les Cassidains !

Les randonneurs quittent le port avec le sac à dos plein comme un œuf ! Les deux dernières journées étaient plus faciles avec le sac allégé, les affaires inutiles étant laissées à l’hôtel.
Il faut monter l’avenue du Revestel, elle traverse Cassis et monte d’une traite jusqu’au pas de la Colle, 214 mètres ! Le chemin est bordé de vignobles plantés en escaliers sur les flancs de la colline abrupte. Le vignoble de Cassis est réputé. Puis un sentier longe l’extrémité des falaises au dessus de Cassis. Nous sommes sur le cap Canaille ! Le chemin descend, contourne un trou appelé ‘grotte des espagnols’ et retrouve le bord du monde que nous allons quitter : Les îles Riou, Calsereigne, les calanques, Cassis. Il faut faire nos adieux. Après les falaises Soubeyrannes, le chemin va bifurquer et nous ne les verrons plus.
Jean-Yves regarde ! Le phare ! Dit Alain. Une fine pointe noire émarge du milieu de la mer. C’était le phare aperçu dans la nuit d’hier.
Il faut grimper sans cesse, dévaler des pentes et remonter ! Le point le plus haut des falaises est atteint à 394 mètres. On descend jusqu’au sémaphore du Bec d’Aigle. La baie de la Ciotat est en vue. Et la fin du voyage.

Les randonneurs se trouvent un coin en face de la baie pour pique niquer et faire la sieste au soleil ! C’est sacré non ?! Pensez vous ! Il y en a qui font la causette de plus belle.

Nous prenons le temps de faire la sacro-sainte photo de groupe à l’orée de la Ciotat. Les énormes grues du chantier naval sont visibles de loin. Nous avons fait 2150 mètres de dénivelé en quatre jours !

Et voilà ! On attend l’arrivée du train en gare de la Ciotat pour nous en retourner à Marseille. Et hélas ce n’est pas du cinéma.

Mais les meilleures choses ont une fin pour que cela puisse recommencer.

 

  
 



Mis à jour le 12 Septembre 2007

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