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Samedi 10 septembre : Dans la ville de Foix Le train arrive en gare
de Foix au petit matin. La gare est illuminée, mais vite désertée
des rares voyageurs nouvellement arrivés. Les randonneurs partent
dans la nuit en longeant la rivière Arget. Ils entrent dans
Foix par un vieux pont jeté sur la rivière. Une lumière
orangée se diffuse dans les ruelles silencieuses. Des silhouettes
furtives passent rapidement. Une incertaine odeur de pain chaud se
répand. Foix dort encore. Et les randonneurs squattent une
placette attendant son réveil. En bons touristes, les futurs randonneurs visitent les recoins du château. Ils explorent la salle basse, il y a une exposition sur Foix et son histoire, une salle d’armures. Ils montent l’escalier en colimaçon jusqu’au sommet d’une tour, redescendent et remontent à une autre. A chaque étage des tours sont exposés divers thèmes : Construire au Moyen Age, Henri IV et les guerres de religion, L’imaginaire médiéval, le Moyen Age dans la BD. Les toits de Foix étendent
leur camaïeu de tuiles rosâtres. L’église
abbatiale St Volusien émerge massivement. Les ardoises couvertes
de lichens de son toit tranchent au milieu des tuiles canal. Profitons de ces instants
à part pour parcourir les rues de Foix, lécher les devantures
des vitrines : les magasins de vêtements élégants,
les brocanteurs, le cybercafé, les pâtisseries à
croustades, les librairies et les salons de coiffure. Dans la cour du Léo Lagrange des randonneurs sont en train de ranger leurs affaires dans leurs voitures. Ils viennent de la région parisienne. Ils ont le visage souriant, hâlé, presque rougi par les coups de soleil. Ils ont fait un autre itinéraire pyrénéen que le notre et en sens inverse, la semaine passée. Ils décrivent les orages, la pluie et la boue rencontrés. Ils rient au souvenir de leurs vicissitudes. D’autres randonneurs préparent un van pour le lendemain, ce sont des anglais, ils vont suivre notre chemin quelque peu Le soir venu Michael et votre rapporteur déambulent jusqu’au centre de Foix. Des gens sont attablés sur la terrasse des cafés, ou assis sur le rebord du carreau de la Halle. Les deux promeneurs s'en retournent un peu plus tard, ils voient le château illuminé par-dessus le faîte des maisons. Dimanche 11 septembre : A travers la forêt moussue Les randonneurs traversent
l’Arget par le vieux pont, empruntent sur la gauche la rue montante
Ste Rapine. L’humidité
est présente. Les fortes pluies passées sont à
peine résorbées. Alain A. repère déjà
quantité de champignons. Les randonneurs s’arrêtent
dans un champ pentu pour souffler un peu. Jean-Claude livre les informations
de son GPS, nous avons grimpé d’emblée 400m de
dénivelée positive. Pas mal pour un début ! Les cathares, ainsi
seront appelés les hérétiques bien après
la croisade, administraient le consolamentum par imposition des mains.
Il ne fallait pas rompre ce serment sous peine de voir son âme
revenir dans une autre enveloppe mortelle ! Dis je. Le chemin s’enfonce dans la boue par instants. Même avec nos goretex les pas sont hésitants. On s’enfonce facilement dans des plaques gluantes et glissantes. Le pog de Roquefixade
surgit à l’horizon comme une dent plantée dans
une gencive verte. L’arête du pog est barrée d’une
ligne horizontale rectiligne. On a l’impression de voir une
crête du château. Au fond de l’horizon montagneux
on distingue un cône, le pog de Montségur. Nos anglais de Foix sont déjà là et sirotent une bonne bière sous la tonnelle. Venez vite nous rejoindre s’exclament-ils ! Le dîner est copieux : Nous sommes prévenus : c’est saucisse-lentilles tout au long du chemin des Bons Hommes dit notre hôte malicieux. Lundi 12 septembre : Le champ de seigle Une brume légère
flotte sur les collines ce matin. La nuit a été pluvieuse,
mais le temps s’éclaircit. Les randonneurs retrouvent
leurs chaussures mélangées sur l’escalier. Un
lutin farceur nous souhaite le bonjour ? Les randonneurs s’y
trompent-ils ? Allons ! Ils reprennent le chemin de Roquefixade de
bonne humeur. La place est silencieuse,
des maisons basses et claires entourent la fontaine et un arbre de
la Liberté ( ?) solitaire. La mairie porte ‘La Communa’
inscrite sur son fronton, est- ce de l’occitan ? Bientôt le sentier,
à travers bois et pacages, coupe sans cesse ruisseaux et torrents.
La boue collante et glissante est omniprésente. Les randonneurs
sont concentrés sur leurs pas pour éviter les passages
difficiles, les fondrières traitreuses. Votre narrateur fait
la culbute les pieds en l’air ! Il y en a qui trichent et font
de larges détours derrière les arbres en catimini !
Le chemin pierreux est
de retour dans la descente sur Montferrier, on dévale à
toute allure pour rejoindre le village. Une boulangerie-épicerie
est encore ouverte ! Nous sommes sauvés ! C’était
juste car il n’y a plus rien à manger, il n’y avait
aucun ravitaillement depuis Foix. Montségur surgit
brutalement campé sur son pog. « Pog » vient du
latin « Podium », c’est un terme occitan employé
dans la Chanson de la Croisade pour signifier Montagne. Au gîte nous retrouvons
nos anglais déjà bien installés. Ils ont déjà
découvert la bière artisanale du coin ! Il faut nous mettre à l’abri pour nous en retourner au gîte, deux ruelles plus loin. La pluie tombe encore ! Mardi 13 septembre : Half L’habitude est prise de sortir le matin avec la pluie tombée la nuit durant ! Une fine bruine cette fois ci est dans l’air ambiant. Les randonneurs vont bien vite retrouver la gadoue gadoueuse, malgré une petite montée plus ou moins pierreuse. La pluie cesse heureusement. Il faut dégringoler le long du torrent de Rivels en une interminable glissade boueuse. On croise quelques uns de nos anglais en difficulté sur une plaque glaiseuse. Le torrent murmure petitement à notre droite comme pour se faire excuser. Cependant sont débit est très faible. Tout semble se focaliser
sur le sentier. On s’accroche aux arbres, on s’arc-boute
sur les bâtons. L’arrivée au hameau de Pelail est
surnaturelle. Nos chaussures sont des blocs de boue et on marche sur
une route asphaltée ! Et la pluie cesse. Le gîte de Comus
est aménagé au dernier étage de l’ancienne
école communale du village. Aïe, aïe !
Etablissons vite une liste de provisions Au dîner de joyeux
convives se joignent à nous : Peter, un anglais, deux spéléos
et deux autres randonneurs .C’est un dîner splendide concocté
par Anne avec amour. Ma conversation est animée ! Peter est intarissable sur son amour du pays de Sault ! En Angleterre, dit-il, les gens connaissent ‘Montaillou’ le livre de Leroy-Ladurie. C’est un sujet qui passionne les Anglais. Ils raffolent des amours de Béatrice de Planissoles et de Pierre Clergue. Mercredi 14 Septembre : Le pays d’Aillou Le ciel est pur et le soleil rase les prairies. Il est encore à demi occulté par les crêtes des montagnes. Des lambeaux de brume surnagent au dessus de l’herbe humide de rosée. Des toiles d’araignée brillent de gouttelettes, tendues entre les tiges des fleurs des champs. Les randonneurs sillonnent un sentier vert qui suit la houle des prés et des pacages. Des colchiques mauves saluent le jour nouveau. En vue de Prades, un tracteur herse quelques lopins de pâture future. Il faut descendre jusqu’au
fond du vallon, ouvrir une barrière, passer et la refermer
derrière soi, pour se retrouver sur la montée vers Montaillou. Montaillou ! Montalion
en occitan, rendu célèbre par les archives de la procédurière
Inquisition, qui traqua et consigna les moindres soupirs des malheureux
villageois. Le château n’a
plus que quelques pans de mur d’une fragilité dérisoire.
La fount de Rivel est joliment restaurée, elle offre son eau
fraîche dans un bassin ombragé à la sortie de
Montaillou. Les fontaines autrefois centres de convivialité
étaient devenues des abreuvoirs pour les bêtes. Elles
ont été finalement détériorées. Le col de Balaguès
fait 1669m ! Le panorama offre les vallons, les sommets Pyrénéens
et le cône pointu de la dent d’Orlu. L’étape
du soir nous mène au gîte des Granges d’Ignaux. Au menu Jeudi 15 septembre : L’omelette aux cèpes Les randonneurs ont le cœur joyeux avec
la belle journée qui s’annonce. Depuis un certain temps
tout le monde a oublié la terre boueuse du début, les
souliers et le pantalon crottés. Le sentier est clair et caillouteux.
On traverse Ascou sans rencontrer âme qui vive. Sinon quelques
chats silencieux au détour de ruelles. Le chemin de l’autre côté du pont monte à travers le forêt domaniale d’Orgeix. De beaux murs moussus scandent les tournants. Les blocs de pierre sont adroitement ajustés sans maçonnerie, comme un mur étrusque. La montée est éprouvante cependant. Les randonneurs pique-niquent au bord du ruisseau qui descend vers l’Oriège, ils n’ont même pas le temps de faire une petite sieste reposante. La montée en lacets reprend incessante. Ils sont tendus en avalant les tournants, jusqu’à la ligne de crête qu’ils longent dans un étroit couloir. Soudain, la foret se dissout sur les pâturages du col de Joux (1702m). La vue est splendide
sur les vallées et les montagnes : le pic de l’Estagnas,
le pic de l’Homme et le pic des Perdrix. Nous arrivons à récolter un beau sac de deux à trois kilos de cèpes. Tous farauds nous sommes, fiers de notre trouvaille. On va se passer le portage du sac à tour de rôle. Il faut vite rattraper les autres maintenant. La patronne du gîte de Merens-du-Haut, est la sympathique et serviable Steffi. Une fois notre liste de provisions faite, elle emmène Agnès faire les courses à l’épicerie de Merens-du-Bas. Il y a quand même un bon quart d’heure pour faire le trajet en voiture. Les deux jours suivants de la randonnée seront complètement à l’écart de tout ravitaillement. Ceux qui restent, bien tranquilles, vaquent aux occupations habituelles : le barbe à raser, la douche, la lessive. Mais Cathy et Alain A épluchent les cèpes pendant ce temps. Plus tard Alain mettra à mijoter les morceaux de cèpes, avec des gousses d’ail, dans une grande poêle. On n’avait pas oublié de rajouter des œufs dans la liste des provisions à faire. Et quand les cèpes seront à point, Alain cassera les œufs au dessus pour lier les cèpes avec l’omelette. On la mangera en pique-nique demain ! Mais allons faire honneur à Steffi qui a préparé notre dîner. Là encore plusieurs
randonneurs sont attablés et les conversations vont bon train. Steffi nous sert une tisane « pisse mémère
» de sa composition, elle cueille les herbes sur les flancs
de la montagne : verveine, marjolaine et thym. Vendredi 16 septembre : L’eau des sources Les randonneurs ont plaisir
à remplir leurs bouteilles, leurs gourdes à la fontaine.
L’eau des sources des Pyrénées est fraîche
et pure. La fontaine de Merens-du-Haut est construite au bord du GR10
qui grimpe vers la Porteille des bésines, juste après
les belles ruines de l’église romane St Pierre. Mais ce n’était
pas la vraie source, juste une résurgence. Plus haut de vastes
bassins contiennent une eau très chaude. De temps à
autre des remontées de bulles crèvent la surface quiète.
Une odeur pestilentielle se répand : la source vient de lâcher
un « pet de souffre ». Les randonneurs restent un bon
moment songeurs devant ce mystère de la nature. « Une marmotte
! ». Les randonneurs sont saisis de voir le tendre animal surgir
au dessus d’un rocher. « Je retourne me coucher ! »
Dit-il pour finir. Le pic d’Estagnas
domine la Porteille fièrement dressé à notre
gauche. Le regard porte sur une large vallée : le pic d’Auriol
(2695m) monte la garde devant la Porteille, son frère le puig
Pedros lui fait face de l’autre côte de la vallée.
Tout autour s’étendent des silhouettes gris mauve dégradé
des chaînes des cols, des pics et des serras. Un âne placide
nous accueille à l’entrée du refuge des Bésines.
C’est un refuge géré par le Club Alpin Français. Passons à table
pour se réconforter ! Samedi 17 septembre : Sous la pluie battante Le refuge des Bésines se réveille sous la pluie battante. Toute la vallée est noyée dans la brume. Cependant la pluie dilue les filets de brouillard. La randonnée va devoir être raccourcie à cause du mauvais temps. Il faut descendre directement à L’Hospitalet. Les randonneurs hésitent un peu avant de se lancer hors du refuge. Les capes sont sorties et tout le monde se harnache. Allez ! On y va ! Au revoir l’âne ! L’eau tombe, coule, suinte, jaillit de tous côtés. Les rochers glissent. Une nouvelle fois votre pigiste se retrouve les pieds en l’air ! Il est difficile de garder son équilibre, de mettre les pieds sur quelque chose de stable et de garder un œil sur le GR ! Des ruisselets envahisseurs, voire des cascatelles bondissent sur les versants. Les filets d’eau convergent vers le lac au fond du vallon. De courageux pêcheurs
tendent leurs lignes au bord du lac. Mais ils peuvent s’abriter
dans une cabane non loin, la porte entrouverte montre une cheminée
où crépite un feu de fagots. Le lac est fermé
par un barrage EDF, ce doit être là l’origine de
ce lac. Alors nous prîmes le train et retournâmes à Foix. Pierre Maury de Montaillou,
parlant de son âme, disait à l’inquisiteur Jacques
Fournier : Michael La faune et la flore du chemin des Bons Hommes : |
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Mis à jour le 5 Octobre 2005
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