Vendredi
8 juillet : Le col de Voza, on y va ou pas ?
Le ciel est plombé
et les averses menacent lorsque les randonneurs arrivent à
la gare de St Gervais-Le Fayet. De là part le tramway du Mont
Blanc qui emmène les voyageurs à travers la montagne
jusqu’au Nid d’Aigle, en passant par le col de Voza.
Le chef dit : Qui veut partir du col de Voza ? Car il est tard et
le tramway ne part que dans une heure ! Mais tout le monde est d’accord
pour le col de Voza. Il y a des chances de voir le glacier de Bionnassay.
Alors on attend patiemment le départ du tramway.
Une fine bruine tombe. Certains profitent de ces moments indécis
pour se ravitailler en prévision du lendemain.
Le tramway bleu, baptisé « Marie» nous emmène
en grimpant, tirant, ahanant sur les pignons de la crémaillère.
Les randonneurs sourient timidement, l’aventure commence !
La randonnée est dédiée à Clara, la nièce
d’Alain qui lutte contre une grave maladie. Son courage va nous
accompagner dans nos efforts et nous garder du renoncement.
Le conducteur du tramway saute à pieds joints sur le cailloutis
de la voie ferrée, laissant «Marie » aller sur
son erre. Il y a un aiguillage, il bascule les leviers. Et «
Jeanne », le tramway rouge, croise « Marie » en
descendant la voie pentue. A travers les vitres on voit les chalets
défiler et rapetisser sur les versants. Bientôt le tramway
s’immobilise sur un plateau, nous sommes au col de Voza.
Les bâtons sont déployés, les randonneurs s’ébrouent
et commencent la descente du col. On y va, on y va !
Regardez ! Voilà une orchidée ! Dit Nathalie retrouvant
son rôle de botaniste. De Bionnassay, malgré une belle
éclaircie, on ne peut voir le glacier éponyme, ni l’aiguille
du Gouter qui disparaissent dans les nuages.
Une pancarte raconte la catastrophe lointaine où le glacier
ravagea la contrée. Qu’est-ce que sont ces glaciers ?
Quel est le danger tapi dans la glace? Quelle influence ont-ils sur
les montagnes ?
C’est de Bionnassay que partent les premières expéditions
vers les cimes du Mont Blanc.
« Mon but n’était pas d’atteindre le point
le plus élevé, il fallait surtout faire des observations
et les expériences seules donnent quelque prix à ce
voyage » Disait le précurseur Horace Benedict de Saussure
en 1787.
Un beau et large sentier grimpe au milieu de coteaux arbustifs. Des
silènes couchés surgissent des buissons, ce sont de
petites fleurettes blanches débordant de leur calice.
Après Champel on atteint le torrent du Bon Nant. La pluie tombe,
les capes de pluie finissent par sortir du sac !
En remontant le torrent on longe les abords des Contamines-Montjoie.
C’est un chemin facile, assez plat, s’enfonçant
dans les sous bois et portant le nom de «Chemin Baroque».
Il nous mène à la jolie église ND de la Gorge.
La façade est peinte en or et en couleurs pastel, son intérieur
est très maniéré.
Déjà une première épreuve nous attend
: la montée abrupte de l’ancien chemin romain, dallé
et taillé dans le roc. Il grimpe les gorges encaissées
du torrent. Il y a des traces de ciment et de goudron pour maintenir
le tout. Attention ! Des motos et des tous-terrains surgissent à
l’improviste.
Un pont romain vertigineux est jeté au dessus du torrent, il
est comme suspendu au dessus du bouillonnement de l’eau.
Le refuge de Nant Borrant est juste après la petite montée
qui suit ce pont de l’enfer !
Ce fût une bonne étape de mise en jambes !
Mais l’heure tardive de notre arrivée au refuge nous
oblige à bâcler notre installation et à remettre
la douche à après le dîner !
Le chalet est tout en bois et résonne comme un tambour sous
les éclats des voix joyeuses des randonneurs de tous bords
: des Belges, des Autrichiens en plus des Français.
L’appétit est énorme : Soupe
Tartiflette et veau en sauce
Tomme de Savoie
Tarte aux pommes
Les randonneurs
peuvent s’installer enfin !
Ils vont aux douches ouvertes à tous vents au dehors du refuge.
L’eau est chaude, quel délice ! Ils tendent des cordes
en travers du dortoir pour sécher leurs premières lessives.
Samedi 9 juillet
: Sur un air d’accordéon
Au petit matin le ciel
est bleu, une légère brume se faufile entre les cimes.
Nant Borrant est à 1460m d’altitude.
Clara a envoyé un SMS «C’est génial ! N’ayez
pas froid ! Courage !»
On doit monter un beau sentier à travers le bois de la Rollaz.
Il laisse vite place à des champs de pâturages. Quelques
vaches nous regardent passer d’un air placide.
Catherine la géologue a aperçu l’emplacement d’un
ancien glacier. «Voyez un reste de moraine. Une moraine c’est
un verrou qui borde la glacier». Ainsi le fleuve de glace aujourd’hui
disparu, buttait contre la moraine qui certainement devait détourner
son cours.
Mais le chemin
monte de plus en plus. Le col du Bonhomme est tout en haut sous nos
yeux à gauche des aiguilles de la Pennaz. Des rhododendrons
et des gentianes égaient les côtés du sentier.
Nous rattrapons le groupe de randonneurs Belges parti avant nous.
Ils font une petite pause. Mais on continue sans trop faire attention
à eux.
Nos ancêtres allaient de col en col à flanc de coteaux
pour aller de vallée en vallée en évitant l’insécurité.
Ils acheminaient en particulier le sel depuis Moûtiers en Tarentaise,
en deçà du col du Bonhomme, et cela jusqu’au Valais
Suisse par le col de Balme. Le sel était indispensable pour
les fermiers éleveurs et les fromagers, il l’est toujours
!Les randonneurs
pénètrent dans une nappe de brouillard au plan des dames,
on est à 2043m d’altitude. Il faut traverser des plaques
de névés pâteux glissants. Nous sommes concentrés
et arc boutés sur nos bâtons.
Voilà le col du Bonhomme ! De nombreux randonneurs font une
halte harassés. Hélas le brouillard limite le champ
de vision, on ne peut voir les sommets qui nous entourent.
Un randonneur frisé, demande à votre narrateur de le
prendre en photo. Mais bien volontiers ! Entraidons nous pour commencer
!
Le col du Bonhomme c’est 2329m d’altitude. Dit le Frisé.
Merci pour l’info !
On continue par des chemins serpentant sur les versants jusqu’au
col de la Croix du Bonhomme pour pique-niquer confortablement au refuge.
Le brouillard se dissipe légèrement et laisse entrevoir
les vertes vallées du Beaufortain.
Nous montons encore au col des Fours (2665m). Un vaste panorama s’offre
à nous, dominé par les aiguilles de Bellaval. C’est
splendide !
Un torrent glisse sur une plaque lisse toute en veines onduleuses
tel un marbre, on dirait qu’il joue de la harpe.
« Mon pauvre enfant, veux tu que je te dise la vérité
? C’est qu’on m’a donné un nom qui ne me
convient pas : on m’appelle Nature et je suis tout Art »
Disait Voltaire.
Le chemin dégringole ensuite tout au long de ce paysage enchanté
jusqu’à la Ville des Glaciers. Nom étrange pour
quelques chalets de bergers. Jean-Claude et votre narrateur ont repéré
un fromager. Nous goûtons au sérac, c’est une sorte
d’excellent fromage frais. Mais nous repartons chacun avec du
beaufort et de la tomme.
Le refuge des Mottets est une bergerie aménagée à
1870m d’altitude. Les randonneurs étendent leur couchage
sur les blocs de mousse des châlits étendus de part et
d’autre de l’allée centrale, tout le long du bâtiment.
Beaucoup de randonneurs sont rassemblés. «C’est
une vraie procession !» m’avait prévenu Catherine.
Il n’y a pas d’eau chaude dans les lavabos, la lessive
va être difficile !
La randonneuse belge, appelons la Astrid, qui nous suivait, que nous
suivions depuis le refuge de Nant Borrant me dit «Mets ta chemise
sous la douche pour la laver, l’eau est chaude !»
Bonne idée hein ?!
Le soir venu, dans un joyeux brouhaha, les gens s’installent
à table. «Je me suis mis du parfum » Dit Annie
«Pour sentir bon et profiter de la soirée».
Nos hôtes nous servent un dîner copieux :
Soupe aux haricots (bien épaisse !)
Bœuf bourguignon (viande succulente !)
Tomme de Savoie
Flan à la vanille
La charmante patronne qui est blonde, et cela a son importance pour
le dessert, décroche son accordéon pour jouer quelques
arpèges. Des tablées se mettent à valser.
Dimanche 10 juillet
: La maison du berger
Au réveil, mais
les gens ont-ils supporté le concert de ronflements ? Au réveil
le ciel est éclatant, les sommets brillent de plaisir. Nous
voici, nous voilà!
Le chef dit «On voit vraiment le massif du Mont Blanc maintenant».
Les randonneurs sont gais quand par longues processions les groupes
montent le chemin en files indiennes.
D’emblée c’est très raide, il faut avancer
à pas lents et rythmés. Les bâtons scandent chaque
pas en avant. Quelques groupes s’effilochent, se distendent
et se mêlent entre eux. Malgré la sueur dépensée,
les randonneurs s’encouragent du regard et du geste.
Les chalets des Mottets se fondent dans la montagne et disparaissent
une fois gravi l’éperon rocheux qui les surplombe. Voilà
Astrid ! Courage ! Lui dis-je en passant. Et on continue de monter,
de monter. Le ciel s’éclaircit, il prend de l’ampleur,
le col se rapproche. Déjà un vent glacial circule en
rasant la prairie.
Une simple borne solitaire marque la ligne de passage vers l’Italie.
Mais il y a un gros cairn pour s’abriter du vent. Le gros du
groupe belge est déjà installé à l’abri
du cairn. On se salue !
En bas c’est la vallée d’Aoste. Les gens du val
d’Aoste parlent Français ! Les panneaux indicateurs sont
écrits en Français et en Italien.
Un sentier tout en ravines descend jusqu’à un torrent
et de là s’étend une vaste plaine marécageuse,
une vallée glaciaire sans doute. La montagne est secrète
car il n’y a pas de sentier accessible sur ce massif des Alpes.
On peut juste grimper au rifugio Elisabetta Soldini coincé
devant les glaciers de la Lée Blanche. Le rifugio est comme
en équilibre fragile face à l’énorme masse
menaçante qui ne demande qu’à bondir. De minces
filets d’eau sortent du glacier se transformant en cascatelles
et en torrents. La fonte glaciaire fait son œuvre. Plus loin
le glacier du Miage débouche en plein sur la plaine. Il est
verrouillé par une colossale moraine.
On croirait un barrage de retenue. Eh bien, non ! Ce sont des rochers,
des débris charriés par le glacier agissant comme un
énorme bulldozer, rabotant le massif. La moraine joue le rôle
de contrefort et détourne la langue du glacier sur sa gauche.
Les randonneurs quittent le marécage en montant le sentier
du col Chécrouit.
Au fur et à mesure de leur progression, ils voient le glacier
par-dessus sa moraine. Des lacs, des séracs et une masse énorme
de cailloutis sont contenus par cette moraine.
Les asters des Alpes, d’un bleu violacé presque rose
avec des cœurs jaune d’or, colorent les abords du sentier.
Ça et là quelques orchis vanillé, petites boules
d’un rouge noirâtre qui dégagent un parfum de vanille
quand on les hume, ponctuent ces tapis de fleurs.
Nous faisons halte près d’une bergerie (à l’abandon
?). En contrebas le glacier du Miage n’en finit pas de déployer
ses tours et détours. Le torrent de la Doire prend sa naissance
de plusieurs filets de fonte du glacier.
Les randonneurs guettent les cimes de la montagne enfouies dans les
nuages. Aurons nous la chance d’avoir une trouée ?
Oui ! Un instant fugace, le Mont Blanc cligne de l’œil.
Sur le chemin du rifugio de grands trous apparaissent au milieu des
versants. «Ce sont des lapiaz» Dit Catherine, «ils
sont creusés par les eaux de ruissellement sur le calcaire».
Au rifugio de Maison
Vieille du col Chercouit, nos Belges sont là ! Tous sont attablés
sous des parasols dans la prairie du rifugio. Astrid lève le
pouce et fait «Alors» !? «On a vu le Mont Blanc
!» S’écrie votre scribouillard levant son bâton.
Dans la salle du restaurant du rifugio, les gens sont attablés
et les conversations vont bon train. Nous nous offrons une bonne bouteille
de Chianti. Soudain, tel un officiant le garçon du refuge porte
avec précautions un énorme plateau. Le plateau descend
lentement sur la table. Un silence religieux tombe. Les randonneurs
ont devant leurs yeux exorbités un plat de spaghettis aux pommes
d’or et au parmesan, somptueux et fumant !
Spaghettis aux pommes d’or et parmesan
Veau aux petits pois
Pommes golden ‘à la nage’
Pain perdu à la crème anglaise et au caramel
La nuit venue,
je me lève et sort du chalet, la voie lactée est là
et je vois les aiguilles de Peuterey luisant à la clarté
des étoiles. Tout est translucide, il n’y a pas un nuage.
Et derrière, il y a le Mont Blanc invisible.
Lundi 11 juillet
: Une pizza à Courmayeur
Le mont Blanc apparaît
dans toute sa splendeur. Le soleil éclatant renforce la blancheur
des cimes. Il faut monter sur la colline au dessus du rifugio de Maison
Vieille pour voir le seigneur derrière les aiguilles de Peuterey.
Le Frisé qui était tout aussi matinal dit à votre
narrateur «Tiens ! Prenez moi en photo avec le Mont Blanc derrière
!»
«Bien volontiers !»
Tout à gauche du massif on aperçoit les Grandes Jorasses
et un doigt dressé : la Dent du Géant.
Les randonneurs descendent une route pierreuse escarpée qui
se transforme en un sentier se faufilant dans les sous-bois. Courmayeur
est en contrebas.
Il faut d’abord
traverser le charmant village de Dolonne avant d’atteindre la
ville olympique. La vallée est coincée entre le Mont
Chétif et la montagne de Saxe. Ce sont les Grandes Jorasses
et le Doigt du Géant qui dominent Dolonne et Courmayeur.
Courmayeur est une très belle ville, le pendant Italien de
Chamonix. Les magasins regorgent d’articles luxueux, les rues
sont claires et piétonnières. Son église San
Pantaleone est en cours de restauration. Derrière l’église
se trouvent des stèles en hommage aux guides de haute montagne.
Celle de Mario Puchoz porte la mention de K2, le deuxième toit
du Monde dans l’Himalaya.
Le midi on va à la pizzeria, on l’a bien mérité
non ?! Ce sont des pizzas géantes, à pâte fine
comme du papier à cigarettes ! Mais elles sont dévorées
goulûment.
«Il n’y a pas grand-chose à manger» Dit Jean-Claude.
«Allons, elles sont bien garnies».
Un car nous emmène jusqu’à Arp Nouvaz (Arnuva
sur la carte), le terminus de la ligne de Courmayeur en direction
des cols Suisses. On coupe en effet le val Ferret italien qui est
plat et sans grand intérêt pour les randonneurs. Encore
la montagne secrète quoi !
Nous prenons un sentier à travers les prairies d’alpage.
Tout est tapissé de fleurs : crépides orangées,
raiponces chevelues, astragales.
«Voilà une potentille tormentille !» dit Nathalie.
C’est la fleurette du Queyras, un petit bouton d’or avec
en son cœur une étoile verte.
La montagne suinte de ruisseaux que l’on enjambe à demi.
Nous n’hésitons pas à patauger quelque peu dans
l’eau vive. Des cascades surgissent des crêtes et se jettent
de rebond en rebond sur le versant.
Le rifugio Elena n’était qu’à 300m de dénivelé
depuis Arp Nouvaz, il est tout neuf. Mais un vent froid souffle en
rafales. Nous sommes à 2062m d’altitude. En face la langue
du glacier de Pré de Bar s’insère entre le Mont
Dolent et les monts du Triolet.
Une série de photos 1920, 1993 et 1999 montre nettement que
le recul du glacier est dû au réchauffement climatique.
Les glaciers des Alpes sont des glaciers chauds, ils produisent d’importantes
quantités d’eau de fonte. Un torrent impétueux
sort de la langue du Pré de Bar, c’est la seconde Doire.
Ce torrent rejoint la première Doire au niveau de Courmayeur
pour former la Doire Baltée.
C’était quand même une journée de repos
!
Les randonneurs ont d’immenses salles de douches à leur
disposition. Il y a une centaine de marcheurs et de vététistes
ce soir là.
On peut faire une bonne lessive, avec le vent incessant tout sera
vite sec.
Le restaurant est copieux comme dans tous les rifugii italiens
Spaghettis à la tomate et parmesan (oh oui !)
Veau, polenta et fenouil
Pomme
Tarte
La patronne nous donne un jeu de cartes à jouer pour la traditionnelle
partie de belote avant le coucher ! Ce faisant, elle narra l’époque
où Courmayeur organisa des jeux olympiques d’hiver pour
handicapés.
Diserte et allègre se passa la soirée !
La belote sera inachevée car il faut aller se coucher sans
plus tarder, les gens du rifugio se lèvent tôt !
Mardi 12 juillet
: La Drance du Ferret
Le glacier de Pré
de Bar brille devant le rifugio Elena. Les randonneurs pénètrent
dans la salle du restaurant.
«Bonjour !» Dis je au Frisé, «Pas de photos
cette fois ci ?!»
Invariablement notre petit déjeuner se règle sur trois
cafés et trois thés. Il y a du pain, du beurre, des
confitures, du miel et des céréales. Quelquefois un
petit pot de lait.
Malgré le ciel bleu, un vent glacial et violent balaye la terrasse
du rifugio. Plusieurs groupes de cyclistes sont déjà
partis. Les processions de randonneurs ont repris. Il est temps pour
nous aussi d’entamer l’ascension du grand col Ferret.
C’est juste un petit 500m de dénivelé. Lorsque
le col est atteint, nous sommes en Suisse. Cette ascension nous semble
trop facile, tellement nous sommes acclimatés.
Profitons en pour escalader la Tête du Ferret par les pâturages
(2714m). Les randonneurs tâtonnent un peu pour trouver un chemin
commode dans l’herbe pentue, et au milieu des ravines qui déchirent
la prairie. L’effort est brutal, il ne faut pas lâcher
prise. Quel bonheur ensuite ! La vue est fabuleuse de l’autre
côté sur le Mont Dolent et son glacier.
En redescendant nous sommes entourés de montagnes vertes, c’est
une région de forte pâture. La Peula, à mi chemin
de la descente dans la vallée, tire son nom du latin «pabulum»
signifiant pâture.
Quelle est cette fleurette de couleur marron orangé ? C’est
une euphorbe.
Au bord de la reuse (le torrent en patois local), les randonneurs
s’installent, enfilent des shorts car la chaleur monte. L’eau
du torrent est froide et revigorante. Traverser le torrent est un
réel plaisir. L’endroit est propice au pique nique et
à la petite sieste !
Le village de Ferret n’est pas loin, le torrent s’appelle
la Drance du Ferret. C’est le val Ferret Suisse.
Partout des panonceaux mettent en garde les passants sur les risques
que peuvent faire encourir les chiens de protection des troupeaux.
Il faut rester calme, ne pas les déranger, voire les ignorer.
La Fouly est vite
atteinte, cette étape n’est pas difficile. C’est
un ancien village d’alpage qui tient son nom du grand nombre
de feuillus qui l’entouraient (Du latin «Folium»,
la feuille).Maintenant ce sont les vacanciers et les randonneurs qui
font vivre La Fouly. A l’entrée du village un poteau
fléché envoie les gens chercher les marmottes, les cerfs,
les fleurs dans toutes les directions, sur des sentiers thématiques.
Notre hôtel rando l’Edelweiss est situé à
l’autre bout du village. Il faut traverser une ruelle bordée
de vieux chalets pleins de robustesse.
Le Mont Dolent et ses aiguilles veillent sur La Fouly.
Les randonneurs s’installent, ils étendent leur couchage
sur les blocs de mousse du dortoir à même le sol. Ils
sortent les affaires des sacs et préparent leurs affaires de
la nuit : la lampe torche, le pyjama (les boules Quiès ?).
On court les étages pour faire la douche. Il y en a une par
étage !
Au tour de la lessive, on la fait dans de grands lavabos collectifs.
La lingère de l’hôtel, dame aimable et compréhensive,
nous prête une petite place dans la buanderie, à Jean-Claude
et à votre rapporteur, pour étendre le linge à
sécher.
Puis on va se balader
au village, faire les courses à la superette pour le pique
nique du lendemain. La caisse enregistreuse affiche les prix en Francs
(Suisses !) et en Euros.
Au dîner :
Soupe à l’orge perlée
Côte de porc Savoyarde
Et
Flan à la vanille et au caramel
(La serveuse est blonde, cela a son importance pour le dessert n’est-ce
pas !?).
Soirée belote, jeu brutal et sans scrupules.
Mercredi 13 juillet
: Ô Philomène je vous emmène !
Les randonneurs ouvrent
un œil et puis l’autre. Dure nuit semble-t-il ! Le grondement
du torrent était perceptible en bruit de fond, et les ronflements
qui n’arrangent rien. Mais le soleil qui brille et l’étape
point trop difficile réjouissent les marcheurs.
Nous suivons le cours de la Drance du Ferret, au fil du chemin de
moins en moins tumultueuse, de moins en moins bruyante. Le sentier
traverse de jolis sous-bois. Les versants à notre gauche sont
parfois striés de cascades. On entend leur petit ronronnement.
L’eau provient des glaciers tapis derrière ces versants.
Nous marchons sur une espèce de crête bordée de
gros blocs de rochers. C’est une foret morainique, les arbres
ont poussé entre les énormes débris charriés
par le glacier des millénaires durant, lors de son recul.
Le glacier agissant
comme un rabot contre les parois de rochers, créant la moraine
par accumulation des blocs. On traverse la reuse de Saleina sur un
pont. La puissance des glaciers pénètre peu à
peu nos esprits.
Mais nous voilà à présent dans une riante contrée
valaisanne. On traverse Praz-de-Fort avec ses jolis chalets. Les prés
les entourant sont comme des tapis de fleurs. Tiens ! Un chalet avec
un présentoir de produits Bio ! Une tirelire au milieu de la
table invite les passants à se servir et à en payer
le prix par la fente de la tirelire ! Les randonneurs prennent une
part de délicieux gâteau aux abricots, payent et repartent
gaiement.
Nous sommes sur
un sentier thématique des constructions rurales ancestrales
du Valais «Le Raccart du blé». Le raccart est une
sorte de chalet très grand, très important car il devait
contenir tout le blé du pain quotidien pendant les longs mois
d’hiver. Alors que le reste de l’alimentation pouvait
être fourni par une ou deux vaches dans chaque famille. Le plancher
est construit avec d’épaisses planches rainurées
serrées au moyen de la «clef». Cette dernière
étant elle-même une autre planche enfilée et forcée
de l’extérieur dans une mortaise qui bloque l’ensemble.
Cela forme un plancher compact et étanche où on peut
battre le blé. Un tel plancher ne peut être démonté
sans connaître la clef !
Les linteaux des raccarts, comme des habitations, sont sculptés
de symboles propriatoires : le monogramme du Christ, des textes de
bâtisseurs et d’autres motifs. Un texte comme «
M.J.F.FFL_1835 » pouvait dire « Maurice Joseph Formaz
Fit Faire L’an 1835 », et cela a été prouvé
par des ethnologues avertis !
Le sentier décrit
une large courbe sinueuse jusqu’en bas vers Issert. On pique-nique
dans un champ. Mais il faut quitter la Drance du Ferret pour grimper
une déclivité brutale vers le lac Champex (1470m).
Le lac est ravissant, cerné de montagnes boisées. L’air
est paisible et lumineux. Des pêcheurs taquinent quelques poissons
égarés. Des pédalos, des barques glissent sur
la surface tranquille.
« Un coup à droite, un coup à gauche et je rame,
je rame. Ô Philomène je vous emmène. Laissez vos
bras dans l’eau dessiner le sillage de la barque».
Votre scribouillard
n’invente rien : Une barque quitte justement le rivage poussée
par un rameur avec Philomène allongée à la proue,
les bras dans l’eau. « Au lieu de boire une bière
on aurait mieux fait de faire un tour en barque ! » Disent les
filles.
Mais il est temps de remonter la bisse, canal d’amenée
d’eau qui conduit le précieux liquide depuis le torrent
jusqu’au lac et à ses marécages. Des cascades
ponctuent le sous bois.
« Bonjour ! » Disent les belges attablés autour
d’un petit vin blanc, lorsque nous arrivâmes au refuge
du Val d’Arpette (1627m). « Comment ça va ?! »
dit Astrid
« Demain nous attaquons la fenêtre d’Arpette »
« Nous aussi, nous aussi ! »
Au dîner le groupe se sépare en « fondistes »
(trois d’entre nous ont choisi la fondue savoyarde) et «
poulettistes » (les trois autres sont pour le poulet rôti).
Il semblerait que le fromage coupe les jambes !
Il y a aussi des crudités et une compote en dessert (la serveuse
n’est pas blonde).
Un « Fendant
» de Martigny, vin du Valais Suisse accompagne le tout.
Quand la nuit tombe, la fenêtre d’Arpette reste grande
ouverte dans la clarté imperceptible attendant que les randonneurs
viennent la pénétrer.
Jeudi 14 juillet
: La fenêtre d’Arpette
La fenêtre d’Arpette,
étroit passage entre le Génépi à droite
et la pointe des Ecandies à gauche culmine à 2671m.
Plus de 1000m de dénivelé nous attendent. Il faut partir
tôt.
« Les choses sérieuses reprennent ! » Comme dit
le chef.
On grimpe doucement dans les pâturages d’un pas bien rythmé.
Ce pas procure une certaine ivresse. Le soleil commence à taper.
Mais on monte inlassablement.
Tout à l’heure nous serons au dessus du glacier du Trient.
Cette pensée nous comble.
« Je crois que le glacier émet des craquements »
Dis-je
« Quelle idée ! »
« Mais oui, il me semble bien l’avoir entendu dire »
« On verra bien si le Trient craque »
Et on monte, on
monte dans un chaos de rochers. Il n’y a plus de végétation.
Quelques névés disparates sont tapis ça et là
entre les rochers. L’arrière-garde des Belges est devant
nous ! On monte, on monte les éboulis. On saute de rocher en
rocher à la recherche du chemin. On garde un œil sur les
traits de balise blanc rouge. Le val d’Arpette est minuscule
derrière nous.
C’est Astrid ! « Tu me fait penser à Tintin »
Dit-elle. « Pourtant je n’ai pas de houppette ! Ah oui
! Mon chèche improvisé rappelle ‘Coke en stock’
ou le ‘Crabe aux pinces d’or’ »
On monte, on monte encore. Les bâtons aident fortement.
En haut de la fenêtre,
les Belges nouvellement arrivés sourient avec sympathie. On
y arrive, on y arrive ! C’est complètement raide. On
trébuche parfois. Oh ! C’est si près. Le pas devient
lancinant. D’un coup le niveau bascule et on accède à
l’étroit col de la fenêtre d’Arpette.
En face on domine le glacier de Trient majestueux et tourmenté.
Que de beauté. Il est boursouflé, strié par le
bleu turquoise des séracs. Sous l’effet de pressions
considérables des masses de neige se transforment en glace
de 100 à 150m d’épaisseur. Il fait 5km de long
et 500 à 900m de large.
Jean-Claude laissant son sac s’élance sur les rochers
pour monter sur une aiguille. Je le suis. D’en haut on domine
encore plus le glacier du Trient jusqu’à son plateau
glaciaire.
Quelle splendeur
! Quelle puissance dégage-t-il ! En contrebas le Trient, impétueux
torrent sort de ses flancs. Les randonneurs pique-niquent dans une
ombre parcimonieuse face au monstre.
« Il a craqué ! » Dit Nathalie.
« Quel bruit fait-il ? ».
« On dirait des pierres qui se percutent »
Mais oui ! Le glacier rabote la montagne, il arrache les rochers,
culbute les débris qui tombent des versants, il crée
continuellement ses moraines frontales, latérales, il fait
se télescoper les roches. Maintenant tout est clair, nous comprenons
l’effet dévastateur des glaciers.
Encore une chose que l’on ne peut voir : l’explosion des
poches d’eau qui causent des crues subites et torrentielles
ravageant les rives des villages. Le glacier du Trient est sujet à
ce phénomène vers la mi-juillet. Ce n’est pas
encore ça, mais le torrent parait grossir un fin de journée.
Est-ce dû à la chaleur ?
Les randonneurs entament leur descente en longeant le Trient. La descente
est très longue. On fait une pause au bord du torrent. Les
courageux trempent les pieds et les jambes dans l’eau glacée.
C’est délicieux. Nos jambes sont bronzées avec
des chaussettes blanches ! Le glacier rit et nous balance de plus
belle son eau qui gicle.
Les randonneurs
chantent en descendant la route qui va à La Peuty. Que chantent-ils
? Je ne saurais le dire ! Mais on sait, oui on sait que l’on
peut aller partout maintenant !
Le soir au refuge du Mont Blanc les appétits sont énormes
:
Soupe au fromage
Fondue à la tomate ou Poulet rôti et pâtes
Brugnon
Tout est récuré, gratté, pas une miette ne reste
dans le poêlon et les assiettes.
Les randonneurs se retrouvent sur la terrasse pour la traditionnelle
belotte. Mais ils causent ! Certains ont l’esprit ailleurs !
« Regardez, un chevreuil ! » Dit Catherine en montrant
un versant boisé nous faisant face. Il y a quelques chevreuils,
ou quelques cerf ? Qui traversent les clairières à nos
yeux exposées.
Vendredi 15 juillet
: Face au Mont Blanc
Les randonneurs partent
gaiement depuis le refuge du Mont Blanc à La Peuty. Ils vont
escalader le col de Balme et revenir en France. Les belges nous saluent
car on ne va plus se voir, nos chemins bifurquent définitivement.
Adieu ou au revoir ? Astrid dit « Au revoir » !
Le col de Balme n’est qu’un petit 800m de dénivelé,
ce qui nous attend n’est pas méchant. Mais sous l’effet
de la chaleur c’est une grosse suée en perspective. La
plupart des randonneurs se mettent en short par facilité.
Nous revoici dans les pâturages, une fois passé les sous-bois.
On remonte un chemin parallèle au torrent du Nant Noir. On
voit le chalet du col de Balme tout en haut.
La fleur du jour
est un mystère : c’est la Grande Astrance, une plante
glabre avec des fleurs discrètes disposées en ombelle.
La tige fait un mètre de haut.
On court presque pour atteindre le refuge de Balme. Il y a un vent
glacial violent, nous voici revenus en France. Le portable se déchaîne
(du moins celui de votre narrateur abonné aux SMS). «
Coucou Clara ! Nous revoilà ! ». En fait le chef qui
avait un abonnement international pouvait bien correspondre avec sa
nièce !
La vue est extraordinaire, le ciel dégagé, voilà
le massif du Mont Blanc côté Français : les glaciers
du Trient, des Grands, du Tour et d’Argentière; l’aiguille
Verte, l’aiguille d’Argentière et l’aiguille
du Midi avec sa pointe dressée.
On voit le seigneur, le Mont Blanc avec le dôme du Gouter et
l’aiguille du Gouter. Les randonneurs sont enivrés. Les
discussions vont bon train. On voit les Drus, la Mer de Glace est
encore cachée par les versants. Les randonneurs s’écroulent
dans le tapis de fleurs, l’air est pur, la montagne tremble
sous le soleil ardent. C’est trop ! On casse la croûte
à l’abri du vent devant l’aiguille du Gouter. Le
silence se fait (votre narrateur est optimiste).
«Regarde il y a un parapente !» Dit Annie
«Où ? Je ne vois pas».
«Sur le côté de l’aiguille. Attends ! Il
a disparu ! Le revoilà !»
«Oh, je le vois, il plane dans le ciel au dessus des sommets»
Nous avons une
telle forme et une telle force accumulée en nous, que nous
prenons la variante du col des Posettes. Et ça, ça fait
un sacré détour. Mais on grimpe et on dévale
à une allure entraînante.
Au col des Posettes, les randonneurs rêvassent un peu. L’aiguillette
des Posettes est sur une ligne de crête surplombant en balcon
Argentière qui étincelle au fond de la vallée.
Ils savent aussi que la randonnée est proche de la fin.
Et tout le monde se retrouve au refuge du Moulin à Montroc.
C’est un gîte de France très confortable, tout
en pierres et en boiseries. Les randonneurs une fois installés,
douchés et lessivés ; se retrouvent sur la terrasse,
assis à même le sol, adossés au mur pour siroter
une petite bière, un orangina ou un coca ! Ils causent de la
rando, des fleurs des montagnes et des glaciers dont le secret à
été percé.
Comment combler l’appétit ?
Cake aux olives et ratatouille
Tartiflette aux lardons
Fromage blanc aux myrtilles (C’est absolument délicieux,
heureusement que la patronne n’est pas blonde !)
Une carafe de vin
Nous allons nous asseoir sur le petit coteau. Des chèvres jouent
dans leur enclos à nos pieds. Le soleil se couche doucement
sur les cimes des montagnes.
La nuit venue le
ciel se couvre de nuages cotonneux. Des éclairs diffusent une
lumière brutale qui fait se découper les cimes. Je sens
des gouttes de pluie tomber sur mon visage. Plus tard le tonnerre
grondera et la pluie tombera sans discontinuer.
Samedi 16 juillet
: Le dernier col
La pluie tombe ! Une
pluie dense qui a duré toute la nuit. Le ciel est bouché.
Le moral est près de vaciller. L’étape prévue
est très dure avec 1600m de dénivelé positif.
Il ne faut pas avoir le vertige sur ce parcours parait-il ! Les randonneurs
piaffent, mais restent groupés dans le gîte en jetant
un œil taciturne au dehors, sur la pluie incessante.
Les nuages changent de couleur sur la ligne des cimes. Miracle ! Une
trouée stoppe la pluie et ouvre le ciel gris comme un coup
d’épée crevant l’abcès. On y va !
Saisissons la chance !
Le chemin serpente dans les bois et les près de Montroc pour
rejoindre Tré-le-Champ.
C’est un
sentier en balcon qui ménage une vue extraordinaire sur le
versant Français du Mont Blanc. Le glacier d’Argentière
dévale la pente en face du balcon. Un passage délicat
tout en échelles et main courantes est à franchir. Il
faut bien se tenir. Ce sont les Aiguillettes d’Argentière.
Le soleil brille. « La chance est avec nous » dit le Chef.
Le chalet des Chéserys est atteint après bien des efforts
sur la ‘via ferrata’, comme disent les Italiens. Le sentier
est maintenant tout détrempé, il faut franchir de nombreuses
coulées d’eau vive qui sillonnent le versant. Le lac
Blanc, et d’autres lacs encore sont au dessus de nous.
On arrive à
La Flégère sur le coup de midi. Il n’est pas question
de pique niquer sur le balcon de la station. Le bruit du téléphérique
est continuel.
Mais quelle majesté dans les montagnes qui nous font face.
La Mer de Glace serpente entre les versants. Les Drus sont à
gauche, l’aiguille Verte juste attenante. L’aiguille des
Charmoz juste en face des drus par delà la Mer de Glace.
Les randonneurs piquent niquent sur un rocher escarpé à
demi abrité sous les arbres, en face des glaciers de Chamonix.
Il faut encore grimper dur le chemin en balcon jusqu’à
la borne de pierre qui marque le col du Brévent (2368m).
Le glacier des
Bossons, le glacier de Taconnaz et l’aiguille du Gouter nous
saluent gravement. «Vous avez réussi mes amis»
Disent-ils «Attendez ce n’est pas fini !».
Il faut contourner le versant nord du Brévent. Un chaos de
rochers encaissés entre les crêtes. Encore une ‘via
ferrata’ à escalader et une longue piste interminable
à grimper qui scie les mollets. Le sommet de Brévent
est atteint (2526m) !
A droite de l’aiguille du Gouter le glacier de Bionnassay applaudit
bien fort. Celui là même où le voyage avait commencé,
et qui s’était refusé à nos regards ! «Je
ne savais pas si vous le méritiez !»
C’est fini Clara ! On a tenu bon ! On a fait 150km et 8650m
de dénivelé positif !
Le refuge de Bel Lachat est la cerise sur le gâteau pour les
randonneurs ! C’est un vrai refuge à l’ancienne
: une baraque en bois arrimée par des câbles d’acier.
Tout le ravitaillement est acheminé à dos d’homme,
ou de mulet ?
Un seul lavabo d’eau froide pour la toilette des randonneurs.
On se marche sur les pieds pour s’installer. Mais c’est
sympa et on rit ! Le panorama de la terrasse est sublime : Chamonix
à nos pieds, les glaciers des Bossons, de Taconnaz et de Bionnassay
en face, Le Mont Blanc, le Mont Maudit, le Mont Blanc du Tacul les
bordant.
Que ne donnerait-on pour contempler cela !?
Repas rustique
(A dos d’homme je vous dis !)
Soupe
Omelette et pâtes à la tomate
Compote
Catherine qui a
une vue acérée dit « Un bouquetin ! ».
En effet le bel animal apparaît non loin d’un rocher sur
le versant en dessous de la terrasse de Bel Lachat. Les randonneurs
sortent les jumelles. L’animal s’ébroue, ses énormes
cornes balayent l’espace, il broute l’herbe, les fleurs
du pâturage. Plus tard une femelle et son petit le suivront.
Il a conscience qu’il peut s’avancer librement à
découvert.
Dimanche 17 juillet
: La marmotte
Le soleil se lève
sur le Mont Blanc et le dôme du Gouter. On aperçoit de
minuscules piqûres d’épingle mouvantes. Ce sont
des alpinistes qui ont quitté le refuge du Gouter pour entamer
l’ascension mythique. Le temps est idéal. Mais pour nous
il faut redescendre sur Chamonix, la randonnée est terminée
! Mais non les surprises !
Le chemin en lacets dégringole le plan de Bel Lachat. Il y
a plus de deux heures de descente soutenue à faire.
Quand au détour
d’un lacet, je te vois ma belle ! Oh attends moi, n’aies
pas peur ! Je ne te veux pas de mal ! Je t’ai si longtemps attendue
! Depuis le Queyras ! Ne crains rien, je vais juste saisir ton petit
air mutin. Lentement, doucement je sors mon appareil photographique,
et je la prends la belle endormie à son réveil.
Les chalets de Chamonix
en face du glacier des Bossons ne peuvent dissiper la sensation de
plénitude. Une corolle jaune surgit de la crête du Brévent
et vole tranquillement suivant un chemin invisible. Une deuxième
de couleur orange apparaît au niveau de Planpraz.
Et le ciel se couvre
de parapentes multicolores qui se croisent et se recroisent dans un
lent balancement.
Quelque part dans un
des refuges du TMB une phrase de Margaret Lee est placardée
:
Le bonheur n’est pas un endroit où on arrive,
c’est une manière de voyager.