Gens
de la Rando !
Les
douze randonneurs empruntent la route forestière Gaston
Bonnier sur les hauts de la gare d’Avon. Le soleil est
éclatant. L’odeur fraîche des jeunes bourgeons
à demi éclatés et des quelques feuilles
ébouriffées est comme une promesse d’ivresse.
Bien
vite nous grimpons un sentier qui s’enfonce dans les sous-bois.
Partout sont apposés sur les arbres et les rochers de
nombreux signes de piste : le trait bleu des sentiers Denecourt,
les traits jaunes et bleus des sentiers Samoisiens, les traits
blanc et rouge barrés du TMF, le tour du massif de Fontainebleau.
Nous
voici sur une route de crête dominant d’abrupts
vallons. De nombreuses fontaines offrent leur secret au randonneur
de passage : la fontaine Dorly, la fontaine Désirée…
Hélas ce n’est qu’une eau noire et stagnante.
Est-ce la sécheresse qui guette ?
Sur
la tour Denecourt le panorama est splendide, par-dessus la verte
étendue de la forêt on aperçoit Avon à
droite, Samois, Samoreau devant et plus loin d’autres
villes en bordure de Seine.
Denecourt, c’est un grognard de Napoléon. Dit Jean-Louis.
Il
a eu l’idée de créer et de mettre en valeur
les premiers sentiers forestiers. Cela lui a valu le titre de
‘Sylvain’ ! L’association des ‘Amis
de la forêt’ perpétue son héritage.
Puis
le sentier sillonne un plateau, se faufile entre les rochers.
La forêt change imperceptiblement, les arbres sont plus
denses. Ça et là apparaissent de nombreuses mares
d’eau miroitante, entre les buissons et les tourbières
: ce sont les mares Froideau.
Essayons
de marcher doucement et de baisser la voix, c’est difficile
avec nos randonneurs si volubiles !
On entend des piverts, dit Georges, ils font Tic, Tic, Tic,
ils adorent creuser des trous dans les arbres !
Nous
longeons l’hippodrome de la Solle, trouée comme
saugrenue dans les bois qui nous entourent. C’est une
vaste étendue de moquette bien verte avec des bâtiments
‘années 20’. Il fait chaud à présent,
le soleil commence à taper et les randonneurs se mettent
en tee-shirt !
Sur
notre gauche s’étend une réserve biologique.
Il est défendu d’y entrer semble-t-il, à
cause des chutes d’arbres ? Beaucoup de bois mort jonche
le sol de la réserve. Cela contribue à la régénération
forestière, ne l’oublions pas !
Chut ! On entend le Pouillot véloce ! Dit Georges le
découvreur d’oiseaux. Il fait Tchip, Tchip, Tchip
comme un compteur à pièces.
On pique-nique sur des troncs d’arbre étendus en
bordure du chemin.
Vous savez quoi ? Les randonneurs ont repris la saine habitude
de la sieste au soleil ! Comme des lézards ! Pas tous,
les autres peuvent bien causer !
Nicole dit : Le Taï Chi, la gymnastique chinoise, sert
à emmagasiner l’énergie pour être
d’attaque. Tous les matins : Respirer, avoir conscience
des flux qui traversent son corps, sentir les mouvements du
ventre.
Le sentier samoisien serpente à présent, paresseusement
entre les hauts pins. Distraits par la platitude du sol, certains
se prennent les pieds dans les racines traîtresses.
Et
voilà Samois ! Mais il faut pénétrer au
cœur de la ville pour admirer les vieilles maisons de charme,
la maison de Django Reinhardt le guitariste, le lavoir et les
rives de la Seine avec les saules pleureurs.
Les canards barbotent, jouent à voler au ras de l’eau
et à amerrir dans une gerbe d’eau. Les poules d’eau
plongent et refont surface en s’ébrouant.
Un nid ! Dit Michael, montrant une cane figée sur une
petite île flottante, ou sur un petit buisson arrimé
à un haut-fond. Un nid encore !
C’est le printemps !
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