Gens de
la rando !
Les randonneurs ont rendez-vous avec le soleil ! Ils sont quinze
à emprunter la rue Danièle Casanova après
le passage à niveau, pour longer les talus en fleurs.
Les lilas répandent un parfum mauve tendre. Les rues
sont jonchées des pétales roses des prunus en
fin de floraison. Elles portent aussi sur leurs plaques les
armoiries des seigneurs de Presles : d’Argent fretté
de Sinople, un fond blanc avec des croisillons verts.
Puis le chemin nous coince un moment contre des champs de colza,
assaillis de mouches vibrionnantes ! Le vert et le jaune se
marient. Le sentier se faufile entre les arbres rieurs, il est
légèrement boueux. On entend le murmure de l’eau
qui coule dit Catherine la géologue. C’est un relief
de cuestas ajoute-t-elle en montrant les collines environnantes
qui s’élèvent sur une légère
hauteur. Pendant la formation du bassin parisien à l’ère
tertiaire : les couches de calcaire, d’argile et de sable
se forment et les ruisseaux coulent entre les revers de cuestas.
C’est savantissime non ?!
La source ! La source est là au milieu d’un buisson.
Et l’eau coule surgie de son cheminement à demi
souterrain. De ce côté ci je n’entend plus
rien dit Catherine, donc elle est là ! Et votre rédacteur
reste béant devant la logique de la nature.
C’est en file indienne que les randonneurs pénètrent
dans la foret de l’Isle-Adam, par de petits chemins étroits
et sinueux. Pour déboucher sur de larges allées
empierrées. On doit imaginer les chevaux, les carrosses
des siècles passés sillonnant ces sentes. Les
sous-bois sont pleins de la présence subtile des fleurs
: parterres bleus des jacinthes, délicates clochettes
du muguet, blanches et timides ! Du muguet à foison !
Le joli mois de mai qui se déclare là ! Les randonneurs
se sentent une âme de poète et accrochent un brin
de muguet à leur sac, leur boutonnière ou leur
échancrure. Quelques uns s’égarent dans
les taillis à la recherche des précieuses clochettes.
Après la ‘route forestière des bois francs’,
nous empruntons la route du ‘capitaine’ bordée
de fontis. Ces trous creusés par l’érosion
du sol calcaire, sous l’action de l’eau et du froid
combinés. Qu’est-ce que c’est beau la géologie,
quels puits de science nous avons dans notre groupe de marcheurs
!
Nous traversons ensuite la jolie ville de l’Isle-Adam
jusqu’au bord de l’Oise. Les jardins fleuris des
maisons sont un plaisir pour les yeux et l’air que l’on
respire est d’autant plus léger. Quelques pêcheurs
taquinent les hôtes de la rivière. La rive est
bordée de saules pleureurs dont les branches lèchent
parfois le cours d’eau. Les canetons jouent sur l’eau
autour de maman, leur esprit mutin les pousse à pagayer
au loin, mais pas trop, tout en gardant un œil sur elle.
Pique-nique sous les saules sur une rive de l’île
de la Cohue. Certains font la causette, mais bon ! Votre rédacteur
fait la sieste et c’est une chose sacrée.
Le bourg en deçà de l’Oise est Parmain,
il faut grimper une rue fortement pentue, la rue de Nesles-la-Vallée,
en direction du château d’Auvers. Les glycines débordent
en grappes lourdes par-dessus les murets. Mes quelle suée,
il faut me croire ! Avec ce soleil qui tape !
On redescend au milieu d’un petit bois, on traverse des
champs. Soudain, un chevreuil détale et fuit sur la ligne
d’horizon des collines en sautant au dessus des jeunes
pousses de blé. Les champs ondulent verts, jaunes, et
ocres foncés quand rien n’a encore poussé,
comme d’amples vagues. Voici le champ de blé aux
corbeaux, plus grand-chose n’y pousse hélas. Van
Gogh l’a-t-il figé à jamais ? Il repose
avec son frère Théophile dans le cimetière
attenant, simple tombe couverte de lierre hors des vanités
humaines. En contrebas l’église d’Auvers
clame : Vincent m’a peinte de lignes sinueuses et la musique,
les trilles du chant depuis lors n’ont cessé leurs
vibrations.
On a encore trois kilomètres jusqu’à la
gare de Mériel, mais on va boire un coup près
de l’auberge Ravoux !
Connaissez vous la phrase de Van Gogh qui est écrite
sur un panneau près de l’église d’Auvers
?
« Cherchez à comprendre le dernier mot de ce que
disent dans leurs chef-d’œuvre les grands artistes,
les maîtres sérieux, il y aura Dieu là dedans
».
Et voilà !
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