Jeudi:
Visite d'une plantation de thé, blottie entre les montagnes
à quelques kilomètres de Hangzhou. Dommage que la récolte
ne soit que dans quelques semaines.
Le mot anglais "Tea" vient des contacts
entre les commerçants hollandais et les marins chinois. Ainsi
le terme "te" pour thé en dialecte chinois fit son
apparition en Europe en même temps que les magasins de thé.
On utilise actuellement dans le monde les noms suivants:
Tea en anglais; Tee en allemand; Te en italien, espagnol, danois,
norvégien, suédois...; Cha en Chine; Tschaj en Inde;
Ta en Corée; Cha im en portugais, perse, japonais; Shâi
en arabe; Ja en tibetain; Chai en russe. Avec l'importation du thé
d'Asie en Europe, le nom "Thé" a été
repris aussi pour nos infusions de plantes.
Le thé a comme berceau historique le Yunan:
(dans le sud-ouest de la Chine) et l'Assam supérieur (Inde).
La légende prête l'invention de cette boisson à
Shen Nong (2737 av. J.-C.), le dernier des trois empereurs mythiques
de Chine. On trouve les plus anciennes mentions écrites du
thé dans les textes chinois des VIIIe et VIe siècle
av. J.-C.: le Livre des chants et les œuvres de Confucius. Le
monde arabo-musulman offre, dans une description anonyme de la Chine
et de l'Inde datée de 851 et parfois attribuée assez
abusivement à des auteurs du XIe siècle, la première
indication, hors d'Asie, de l'usage du thé, alors quotidien
et sous des formes diverses; ce dernier était déjà
frappé en Chine d'un impôt impérial.
Dès le début de l'ère chrétienne, le thé
était consommé couramment par les habitants de la vallée
du Yangzijiang à la fois comme boisson et comme médicament.
Sa préparation consistait alors à ramollir les feuilles
à la vapeur et à les écraser avant d'en faire
un gâteau jeté ensuite dans de l'eau bouillante ou mis
à cuire avec du riz assaisonné d'épices. Dès
le VIIe siècle, des caravanes transportent du thé, sous
forme de briques, de la Chine vers le Tibet, sur un parcours difficile
de 1 500 km. En Corée, des plants importés de Chine
donnent les premières plantations du Jiri. Et c'est par l'intermédiaire
de ce pays que la consommation du thé gagne le Japon, où
le fondateur de la secte Tendai, le moine Saicho, en aurait introduit,
au IXe siècle, la culture. En Chine, il commençait alors
à être associé, par la fameuse cérémonie
du thé, à la philosophie taoïste. Un rituel similaire
s'imposa au Japon, surtout à partir du XVIe siècle,
en liaison étroite avec le développement du bouddhisme
zen. Vers la même période, les caravanes commencent à
prolonger la route de Mongolie pour apporter le thé en Russie.
En 1610, la Compagnie hollandaise des Indes orientales introduisit
sur le marché européen ce produit, qui resta une boisson
rare jusqu'à la fin du XVIIe siècle et fit l'objet de
vives controverses entre ses partisans, qui, tel l'Allemand Oleanus,
lui attribuaient de nombreuses vertus médicinales, et ses adversaires,
tel Fagon, premier médecin de Louis XIV, qui l'accusaient de
provoquer divers maux, dont la carie dentaire. Mais, au XVIIIe siècle,
l'extension de l'usage du thé fut telle que le produit fut
frappé de taxes, aussi bien en Angleterre qu'en France. En
Amérique du Nord, c'est précisément une loi britannique
sur le thé qui provoqua, en 1773 au Massachusetts, la révolte
de la Boston Tea Party, qui aboutit à la guerre de l'Indépendance
des États-Unis.
En 1833, la Chine, qui était jusqu'alors pratiquement le seul
pays exportateur de thé, supprime le monopole du commerce accordé
à l'East India Company (Compagnie anglaise des Indes orientales).
Pour garantir ses approvisionnements, l'Angleterre introduit la culture
et l'industrie du thé dans ses colonies, notamment en Inde.
Le premier chargement de thé d'Assam est expédié
à Londres en 1838. Les colonies hollandaises font de même
en Indonésie, d'où les exportations commencent en 1878.
Avant la fin du XIXe siècle, le théier est acclimaté
en Iran et dans les pays du Caucase.
Au XXe siècle, après de multiples essais infructueux,
les plantations de thé finissent, à partir des années
1920, par connaître un réel essor en Afrique de l'Est.
Un peu plus tard, elles apparaissent en Turquie et en Amérique
latine.
De nos jours, le terme THÉ est un dérivé de mots
du dialecte chinois- comme TCHAI, CHA et TAY- tous utilisé
pour décrire le breuvage et sa feuille. Connu comme le Camellia
Sinensis des herboristes modernes, le thé est une plante vivace
provenant de la famille Camellia.